L’année 2015 se termine aussi mal qu’elle a commencé. Elle s’est ouverte sur des attentats terroristes. Elle s’achève par des guerres et des catastrophes écologiques. Elle se termine, partout dans le monde, par de nouveaux attentats et la montée du populisme.

A cela se sont ajoutés d’autres malheurs, moins visibles, plus pernicieux, qui expliquent les premiers: la montée du chômage, le dérèglement du climat, la désarticulation des sociétés…

En France, en particulier, sur tous ces plans, l’année se finit aussi mal qu’elle a commencé. Et chaque nouveau malheur semble être comme la réponse au malheur précédent.

Il ne faut pourtant pas désespérer. Car ces malheurs  s’expliquent tous, en fait, par une unique cause : la faiblesse des dirigeants politiques. Et ils pourraient aisément être écartés en agissant : 2016 peut ne pas être aussi terrible que 2015.

Depuis 30 ans, en effet, ni la droite ni la gauche n’ont accompli aucune réforme sérieuse. Aucun de leur dirigeant n’a engagé la moindre action réellement courageuse, dans l’intérêt des générations futures. De peur de mécontenter leurs électeurs d’aujourd’hui, ils ont tous, imperturbablement laissé se dégrader notre école, notre armée, notre police, nos ponts, nos trains, nos métros, nos hôpitaux, nos prisons. De peur de perdre des voix, ils ont laissé survivre les petits privilèges, les minuscules rentes, les dérisoires prébendes. En les faisant financer à crédit, par les prochaines générations…

Pendant ce temps-là, les extrêmes ont pu, sans vergogne, prétendre qu’on avait tout essayé, sauf eux.

Alors que, le malheur de la France est, justement, qu’on n’a rien essayé du tout.

Le Front National ne fera pas exception: s’il gagne quelques élections régionales, il n’appliquera rien de son programme, comme il n’en a rien appliqué dans les municipalités conquises l’an dernier, de peur d’indisposer les électeurs avant le grand rendez-vous de 2017.

Et s’il gagne en 2017, ce parti ne fera rien non plus, pour rester longtemps au pouvoir et gagner les élections suivantes.

Mais il sera trop tard : car, avant même que les élections de 2017 ne se tiennent, si la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle devient vraisemblable, le monde entier pensera que la France se prépare à sortir de l’euro; des centaines, sinon des milliers, de milliards fuiront le pays en quelques semaines. Ils ne reviendront jamais, et la France sera ruinée. Le FN sera discrédité, sans avoir agi. Par la seule absurdité de son programme, qu’il fait tout aujourd’hui pour faire oublier.

Pour éviter ce scénario du pire, qui ferait de 2017 une année pire que 2015, une solution existe. Elle est simple. Elle est applicable par tous les hommes politiques qui auraient le courage de vouloir devenir des hommes d’État :

A court terme, oublier leurs petites disputes, dérisoires au regard des enjeux, et s’unir entre démocrates pour réduire les dégâts que provoquerait l’accession au pouvoir régional du Front National. Se maintenir, pour les partis démocratiques est une honte!

A moyen terme, à l’occasion de la prochaine élection présidentielle, énoncer clairement, au plus vite,  sans craindre d’être provisoirement impopulaire, les réformes majeures à mettre en œuvre, une fois élus, sur les sujets majeurs: emploi, sécurité, immigration, intégration, défense, éducation. Des réformes rapides, fermes, claires.

Je suis convaincu que le pays n’attend que cela, que le malheur qui le guette peut encore être évité.

Et que la France peut ne pas se réduire à osciller entre Daesh et le Front National.

Quelle voix se fera ainsi entendre?