Partout dans le monde, des dirigeants politiques, des entrepreneurs, des investisseurs, des artistes, des intellectuels, des journalistes, trouvent à la France des qualités qu’ils lui refusaient il y a encore moins d’un an. Ils redécouvrent que notre pays a des institutions solides ; et qu’un président déterminé, soutenu par une forte majorité parlementaire, peut faire beaucoup : la France, la même France, s’est mise en mouvement.
Pour une fois qu’on nous envie un Président, un gouvernement et un Parlement, il ne faut pas bouder notre plaisir, et leur donner crédit pour leur action. De fait, les réformes déjà entamées sont bienvenues ; elles font partie de celles qu’on attendait depuis longtemps, comme des évidences, et qu’on enrageait de ne pas voir entreprises par les trois derniers présidents de la République et les quatre dernières majorités parlementaires. Ces réformes auront un impact considérable sur l’attraction vers la France de nouveaux investisseurs, la naissance de nouvelles entreprises, le lancement de nouveaux projets de grande ampleur. Elles nous garantissent d’ores et déjà une plus grande croissance et un plus faible chômage.
Pour autant, il faut avoir conscience des risques d’échec, considérables, et s’assurer qu’ils soient bien pris en compte. Non seulement l’environnement international peut bouleverser les priorités, mais notre lourdeur administrative, notre déficit extérieur, l’exclusion des minorités et des plus fragiles sont encore là. Et d’autres menaces pourraient surgir : la laïcité pourrait être remise en cause ; le système de santé pourrait imploser ; le système carcéral pourrait être débordé.
Contrairement à ce qu’on croit, l’exécutif et le législatif n’ont plus beaucoup de temps pour agir : ils viennent de commencer à préparer le budget de 2019, qui sera, de fait, le dernier budget de ce quinquennat sans interférence électorale. Il leur reste donc, en fait, un an, pour lancer les principales réformes, pas beaucoup plus. C’est un délai très court. Dans un contexte international qui sera de plus en plus troublé, le pays devra avancer à marches forcée, s’il ne veut pas manquer son ultime chance de retrouver son rang. Parmi ces réformes essentielles, au moins les sept suivantes devront être lancés dans les prochains mois :
• Supprimer tous les régimes spéciaux de retraite, au moins pour les nouveaux entrants dans ces professions.
• Reformer la fonction publique et pour cela, ne plus recruter sur statut que les fonctionnaires de souveraineté (police, justice, armée).
• Reprendre aux régions la maitrise de la formation permanente, de la formation professionnelle, et de l’apprentissage pour les confier davantage à l’éducation nationale, en concurrence avec un secteur privé dont la compétence n’a pas été démontrée.
• Prendre acte du regroupement enfin achevé de toutes les communes françaises en « communautés de communes », pour fusionner ces collectivités en moins de 2000 agglomérations et supprimer les départements, en répartissant leurs compétences entre les régions et les nouvelles agglomérations.
• Accélérer la mise en place, sur tout le territoire, de maisons de santé puissantes et efficaces, en leur confiant les activités de prévention.
• Faire basculer la fiscalité de la production vers la fiscalité environnementale
• Enfin, et surtout, mettre en place une vraie politique globale de lutte contre toutes les dimensions de la misère matérielle et morale, des plus faibles, quels qu’ils soient : femmes, chômeurs de très longue durée, retraités les plus pauvres, handicapés, sans-abris, réfugiés, habitants des territoires oubliés.
Une fois le vote définitif par le Parlement de ces réformes, il faudra s’assurer que tous les décrets d’application seront pris dans les six mois qui suivront. Autrement dit, toutes ces réformes devront être entrées en vigueur au premier juillet 2019, pour avoir une chance d’avoir un impact visible avant la fin de ce quinquennat. C’est à ce prix qu’il pourrait n’être que le premier de ce président.