La concomitance des décès d’un écrivain populaire et d’un chanteur qui l’était plus encore a montré, par l’émotion qu’ils ont suscitée, l’importance que chacun attache à ces deux dimensions si différentes de la culture : la musique et la littérature.
Et pourtant, l’un et l’autre ne sont pas traités également par les médias : Si les émissions littéraires ont pratiquement disparu du paysage audiovisuel, sinon confidentiel, les émissions mettant en lumière la musique sont innombrables et très suivies, sur les chaînes de grande audience. Et le reste des arts est réduit, en matière médiatique, à la portion congrue.
En matière d’art classique, un seul trouve grâce auprès des programmateurs, dans ces émissions grand public : la danse, avec « Danse avec les stars », concept très abouti, et émission réalisée avec une grande exigence de qualité, dans laquelle des amateurs, ne cherchant pas à devenir des professionnels, viennent former des couples avec des professionnels, pour se produire, après de longues répétitions, devant un jury professionnel, qui, en donnant son verdict , délivre de passionnantes explications pédagogiques sur cet art.
Ne pourrait-on pas imaginer, pour rendre d’autres arts aussi populaires, au moins une autre émission du même genre, qu’on pourrait nommer « Joue avec les stars » ?
On y verrait des comédiens amateurs, et ne cherchant pas à devenir professionnels, apprenant, répétant, puis jouant de grandes scènes du théâtre classique en duo avec de grands comédiens habitués à ce répertoire, et d’abord des membres de la Comédie Française. Le jury serait composé de grands metteurs en scène de théâtre.
Je suis convaincu que le grand public découvrirait avec un grand plaisir une scène du « Tartuffe » de Molière, de la « Seconde Surprise de l’amour » de Marivaux ou de « On ne badine pas avec l’amour » de Musset. Ou encore, bien sûr, du théâtre contemporain comme celui de Yasmina Reza ou de quelques autres. Et les jugements d’un jury composé, (rêvons un peu), de Ariane Mnouchkine, Olivier Pym et Eric Ruff, seraient absolument passionnants, parce qu’ils sont passionnés.
Ce serait aussi, accessoirement, une façon de donner une réalité concrète à la francophonie, (dont j’ai déjà dit ici combien elle est scandaleusement laissée en friche), en mettant en avant aussi des textes de Sony Labou Tansi ou de Michel Tremblay. Ou tant d’autres.
Rien n’est plus important, pour l’art, que de le faire approprier par ceux qui en sont trop souvent des spectateurs contraints ou rétifs. Rien n’est plus attrayant que de provoquer des compétitions de ce genre, qui ensuite pourraient, comme celle de « Danse avec les stars », se décliner dans tous les territoires dans des compétitions locales.
On pourrait ensuite, de la même façon, décliner le concept, dans une émission musicale, où des musiciens amateurs, et ne cherchant pas à devenir professionnels, pourraient interpréter des duos avec de grands musiciens classiques, des pièces à quatre mains, ou des sonates pour piano et violon ou des pièces pour deux clarinettes. Le répertoire est rempli d’œuvres majeures, pas trop difficiles, pour deux instruments.
Plus complexe serait de reproduire le concept en matière d’art plastique ; mais pourquoi pas ? Les essais qui ont été réalisés jusqu’ici n’ont pas été concluants ; cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas y parvenir. En tout cas pour la partie la plus actuelle de l’art contemporain, la performance, qui rejoint les autres arts du spectacle ; même si les artistes, à plus ou moins juste titre, s’en défendent parfois.
Essayons ?