Bien des choses nous attendent d’ici à la fin du mandat du prochain Président de la République, et c’est dans ce contexte qu’il faut replacer l’élection qui s’annonce, et faire son choix.

En 2002, dans ces mêmes colonnes, et dans les mêmes circonstances, j’avais appelé a voter pour Jacques Chirac. Et chacun comprendra donc l’évidence, pour moi, du choix que je fais aujourd’hui. D’autant plus que, cette fois, c’est aussi mon choix du premier tour.
Pour autant, j’aimerai, avec le plus d’objectivité possible, réfléchir, et faire réfléchir sur ce que sera dans 5 ans notre monde, sur le rôle qu’y jouera notre pays, et ce qu’on peut attendre de notre prochain président.

Au delà des vacarmes et des invectives médiatiques, bien des mutations profondes auront lieu dans les cinq prochaines années, qui nous affecteront profondément.
D’abord, la nature du travail va profondément changer. Les nouvelles technologies vont faire disparaître la moitié des tâches (mais non des emplois) d’aujourd’hui et chacun devra sans cesse apprendre a apprendre et modifier ses habitudes de travail ; chacun devra, pourra, être plus autonome, plus créatif, inventer son emploi sans attendre qu’on le lui propose.

Ensuite, le monde sera plus instable qu’il ne l’a jamais été dans les 50 dernières années. Les désordres climatiques seront de plus en plus presents en particulier en Afrique, entraînant de grandes migrations vers les cotes et vers l’Europe. Les risques de guerre vont aller croissant au Moyen Orient, en mer de Chine et en Europe Orientale. Les actes de terrorisme prendront une ampleur plus terrifiante, utilisant les techniques expérimentées en ce moment même sur les théâtres d’opération irakien et syrien.
L’Europe ne pourra plus rester dans son ambiguïté actuelle : elle devra affronter le risque d’une terrible crise financière, économique et politique sur son flanc sud, avec une Italie qui appellera au secours, pour des montants sans commune mesure avec ceux dont on a eu besoin pour la Grèce et elle devra se donner les moyens de sa sécurité, sans plus compter sur l’Amérique.
Partout dans le monde, et en particulier en France, les écarts de revenus seront, plus encore qu’aujourd’hui, obscènes, intolérables, et chaque cas particulier, chaque drame personnel, sera un signe de plus d’une société déloyale, injuste, juxtaposition de cynisme.

Enfin, chacun sera de plus en plus conscient qu’il lui appartient de choisir son destin et celui de ses enfants. Et en particulier de choisir son lieu de résidence.
Dans ce monde brutal, compétitif et incertain, la culture de l’empathie et de l’altruisme, de l’ouverture aux autres, sera la clé de la réussite, individuelle et collective. Il ne servira a rien de s’enfermer derriere des murs illusoires : nos destins seront de plus en plus interdépendants.

La France aura un rôle très particulier a jouer. Pays de cocagne, elle devra d’abord réussir a panser les blessures de cette campagne interminable et violente ; et pour cela s’attacher a améliorer au plus vite le sort des millions de Français les plus pauvres et a donner un espoir crédible a tous les chômeurs et a tous ceux qui sont menaces de perdre leur emploi.

Telle sera la fonction principale du prochain président : permettre aux Français de croire lucidement que demain peut être meilleur qu’aujourd’hui, que la France peut enfin être a la hauteur de son génie, de son histoire, de sa position géographique : le pays le plus heureux du monde, tolérant, ouvert, respecté. Et que chaque Français peut y prendre sa juste part.