Le 12 Janvier dernier, une catastrophe sans précédent a frappé Haïti. Un séisme de 7 sur l’échelle de Richter, dont les secousses se sont encore fait sentir 8 jours plus tard. Au moins 220.000 personnes sont mortes. Tristement, ce bilan s’aggrave chaque jour à cause d’une situation sanitaire qui ne s’améliore pas: c’est désormais le choléra qu’il faut combattre. Comment a-t-on pu en arriver là?

Car dans les heures qui ont suivi le drame, grâce en particulier à la République Dominicaine, le voisin d’Haïti, les premiers secours ont pu être coordonnés particulièrement rapidement. Puis la communauté internationale et notamment les Etats-Unis ont pris le relais.

Trois conférences ont été organisées depuis pour venir au chevet du pays le plus pauvre du monde et présenter des plans pour sa reconstruction: à Montréal, à New York, puis en République Dominicaine à Punta Cana. Les dégâts ont été chiffrés à 11,5 milliards de dollars, c’est-à-dire, 120% du PIB haïtien, dont près de 6 milliards pour l’action sociale et 1,9 milliards pour les infrastructures. Déjà le premier rapport des Nations Unies sur la catastrophe soulignait l’urgence de l’action, pour préparer la saison des pluies et l’arrivée des ouragans.

Trois Présidents américains, Barack Obama, Georges W. Bush et Bill Clinton se sont réunis pour appeler les donateurs à la générosité. Leur message et d’autres ont été entendu puisque 9,9 milliards de dollars ont été promis, dont 2,7 milliards venant des Etats-Unis et de l’Union Européenne ensemble.

Dix mille ONG sont aujourd’hui présentes sur place. Leur engagement, leurs efforts, et leur solidarité sont remarquables. Mais cela n’a pas permis d’empêcher le pire: le choléra a provoqué en quelques jours plus de 330 morts, et 4.700 hospitalisations. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) juge qu’il faudra des années désormais pour retrouver une situation sanitaire saine.

Il faut dire que coordonner tant d’organisations, sans mettre l’Etat haitien sous tutelle, soulager tant de sans-abris, plus d’un million, et prévenir tant de risques d’épidémie, demande des moyens considérables et une volonté de les mettre en oeuvre rapidement. Or, quatre mois après la conférence de Punta Cana, une part infime des promesses de dons a effectivement été versée. Pourtant, sur les 9,9 milliards promis, 5,3 milliards auraient dû déjà être débloqués.

Mais passé l’émotion, les priorités des Etats donateurs sont ailleurs. Elles sont surtout à faire des économies. Et celles-ci sont indispensables à l’heure où plusieurs pays menacent encore de faire défaut. Quelle idée pour un séisme de se produire en pleine crise de la dette!

Le triste sort d’Haïti fait plus que jamais réaliser qu’une administration internationale sérieuse est nécessaire: pour créer des assurances contre les catastrophes naturelles internationales, pour réguler la finance, pour lutter contre les trafics de drogue et le blanchiment d’argent… et pour faire respecter les promesses de dons. Car une gouvernance mondiale ne serait pas un autre G20 tentant vainement de faire respecter quelques principes économiques et financiers. Il s’agirait d’un ensemble de valeurs, de principes, et surtout de moyens d’action et de suivi tres concrets.

Elle aurait par exemple le pouvoir de coordonner en Haiti l’action internationale, afin d’aider toutes les ONG dans leurs actions, et d’accélérer les processus de reconstruction en s’appuyant sur les pays voisins.

Elle pourrait s’assurer, tout simplement, que les promesses sont tenues.