On croit vraiment rêver.

Un sommet du G20 vient donc de se terminer sur de vagues promesses d’appliquer enfin quelques-unes des décisions des précédents G20. Toutes restées plus ou moins lettres mortes.

Un bon nombre de ces promesses ont d’ailleurs été tout simplement oubliées au passage. De toute façon, elles n’engagent que ceux qui les écoutent.

Sans aborder aucun des problèmes qui vont bientôt exploser à la figure des dirigeants du monde. Sans reconnaître que rien de ce qui avait été annoncé à 27, à 20, à 8 ou dans chaque pays n’a été mis en oeuvre. Sans cesser de se contenter d’annoncer des mesures virtuelles, visant à dissuader le déclenchement de crises financières, monétaires, commerciales, sociales, qui ont pourtant déjà commencé. Sans accepter de voir que, depuis le début, le G20 ne fait que faire «des plans d’irrigation pendant le déluge» pour reprendre l’expression ancienne de Jacques Rueff à propos du système monétaire international.

La métaphore que j’emploie depuis le premier G20 (des alcooliques réunis pour décider comment ne plus boire, se contentent de prendre un dernier verre) est encore applicable à la réunion de Séoul. On vient une nouvelle fois de recourir à de nouveaux expédients sans se donner les moyens de se désintoxiquer.

Ne voit-on pas que rien de tout cela ne fonctionne? Ne voit-on pas que la maison brûle? Ne voit-on pas que la Chine ne peut rendre sa monnaie convertible aussi longtemps qu’elle n’est pas une démocratie? Ne voit-on pas que le Japon est paralysé? Ne voit-on pas qu’aux Etats-Unis, la victoire des républicains aux élections de la mi-mandat donne tout pouvoir aux banques pour ne pas appliquer la législation financière d’Obama et pour ne pas financer les immenses pertes qui s’annoncent?

Ne voit-on pas que les soi-disant mécanismes européens de résorption des dettes bancaires et publiques ne fonctionnent pas? Que l’Irlande est en faillite? Que l’Espagne va très mal? Que le Portugal et d’autres vont suivre? Ne voit-on pas que personne ne sait comment éviter un rééchelonnement massif des dettes publiques et privées? Ne voit-on pas qu’il faudra bien se poser la question de savoir qui paie pour ce rééchelonnement? Les banques? Les contribuables? Les banques centrales? Ne voit-on pas qu’au bout de la route le choix au Japon, aux Etats-Unis et en Europe pourrait n’être plus qu’entre l’inflation et la nationalisation des banques?

Mais non. On ne veut pas voir. D’ailleurs, tout le monde souriait sur la photo finale.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.