A dix jours d’intervalle, vont se tenir deux réunions très importantes pour l’avenir de la crise: celle du G20 à Pittsburgh et celle de l’Assemblée annuelle du FMI (Fonds monétaire international) et de la Banque Mondiale  à Istanbul. La localisation géographique de ces réunions dit tout: le G20 ne peut se tenir que dans le monde anglo-saxon, maitre de la finance et de la politique mondiale. L’Assemblée générale  du FMI  se tient de temps en temps hors de Washington, comme un hochet médiatique accordé au reste du monde.

Et pourtant, de ces deux réunions, celle du FMI est sans doute la plus importante. Le G20 ne peut produire aucune décision, puisqu’il n’a pas de valeur institutionnelle, comme l’a montré le précédent G20 de Londres qui n’a abouti qu’à un meilleur contrôle des paradis fiscaux non anglo-saxon, utile mais sans aucun rapport avec la crise. Alors qu’au contraire, la réunion des institutions de Bretton-Woods a des pouvoirs institutionnels, déterminés par leurs statuts, et que c’est donc là, en fait, que devrait se traiter tous les sujets dont dépend la résolution de la crise.

Ce troisième G 20 va, lui aussi, comme le deuxième, se concentrer sur un problème hors sujet, cette fois celui des bonus des banquiers, alors que rien n’est réglé des vrais enjeux de la  situation: les fonds propres des banques, (nécessaires au relais de la croissance, aujourd’hui entretenue  par les  seuls déficits publics, par une croissance plus durable, tirée par des investissements privés), sont encore très insuffisants. Les dettes publiques des principaux Etats sont hors de contrôle; le chômage augmente partout;  les agences de notation, les banques, les fonds de pension et les  activités spéculatives ne sont pas contrôlées. Et le G20 va sans doute, une fois de plus, se contenter de déclarations d’autant plus triomphantes qu’il n’aura aucun moyen de mettre en œuvre aucune décision.

Le FMI, lui, le pourrait, s’il en était chargé; et on pourrait au moins espérer voir le G20 de Pittsburgh  préparer des décisions, qui seraient traduites ensuite en instruments juridiques à Istanbul. Il faudrait pour cela au moins rendre sa composition et ses droits de vote plus légitimes: la Chine et l’Inde, qui représentent près du tiers de la population mondiale, n’ont pas 5% des droits de vote dans ces institutions.

Naturellement, rien de  cela n’aura lieu. En échange, on va donc encore assister à deux ou trois semaines d’autocongratulation. Chacun sachant bien que rien n’est réglé, que rien ne le sera, et que c’est sans doute juste après ces festivités qu’on prendra conscience de l’urgence d’agir.