Selon le site de voyage indépendant canadien, sleepinginairports.net, qui mène une enquête permanente auprès de ses utilisateurs, Roissy CDG serait le pire aéroport du monde, devant  Moscou, New York, Los Angeles et Delhi. Les meilleurs étant Singapour, Séoul et Hong Kong. Le meilleur en Europe étant Amsterdam, San Francisco pour l’Amérique du Nord  Rio pour l’Amérique et Dubaï pour le Moyen Orient.

Sans doute est-ce injuste: il y a beaucoup de gens, chez ADP, à Roissy comme à Orly, qui font de leur mieux pour ëtre aimable, pour aider les voyageurs, et leur faciliter le passage; en particulier ceux qui s’occupent de la sécurité des bagages et des contrôles de sécurité des passagers. Et il y a des aéroports bien pires que Roissy en France, en Europe et dans le monde, sur tous les continents.

Mais, même si c’est injuste, c’est ainsi, c’est l’image que le monde a de notre aéroport, et  il est exact que, en valeur relative, en tenant compte du revenu par habitant du pays, et en comparant à bien d’autres aéroports, l’aéroport de Roissy est ahurissant.

A toute heure du jour, l’arrivée y est consternante et j’imagine l’idée que peut se faire de la France celui qui y débarque pour la première fois: quelques vagues et hideux  panneaux de bienvenue dignes de Berlin-Est, éparpillés dans des couloirs mal signalés. Aucune figure humaine, aucun accueil. Pire encore, quand on y arrive tôt le matin, il n’y a en général que deux fonctionnaires de police, qui font de leur mieux pour traiter les milliers de gens débarqués de  dizaines de gros porteurs arrivant d’Amérique et d’Asie. Encore faut-il trouver leur emplacement, si souvent énigmatique. Et pire que tout: tout y est trop souvent sale ou au moins douteux: les couloirs, les escaliers mécaniques, les toilettes, pour ne pas parler de certains restaurants…

A toute heure du jour, le départ est pathétique. De grandes difficultés pour rejoindre l’aéroport depuis Paris: aucun transport en commun décent et commode. Aucune voie réservée aux taxis. Des parkings lointains et souvent très sales. Des escaliers mécaniques pour rejoindre les salles d’embarquement très souvent en panne. Une climatisation plus qu’approximative. Des guichets d’enregistrement presque impossibles à trouver parce que les panneaux annoncant leurs positions sont, plus souvent encore, en panne, et quand ils ne le sont pas, la position des guichets d’enregistrement est très mal indiquée. Seuls quelques SDF semblent trouver du plaisir aux sièges, rares, sales et inconfortables qu’on ose proposer aux voyageurs.

Le personnel fait de son mieux, visiblement sous pression parce que trop peu nombreux et insuffisamment formé.

Les seuls lieux d’humanité sont, parfois, les boutiques ou les restaurants: autrement dit, tout ce qui est gratuit est épouvantable, tout ce qui est payant est payant. Et encore: les boutiques elles mêmes sont  parfois surprenantes: pourquoi, par exemple, sous douane, tant de boutiques de luxe et aucune pharmacie?

Un aéroport est une entreprise, un grand magasin, qui vend des tas de choses et délivre d’innombrables services. Le passager paie pour entrer dans l’aéroport; il  finance l’aéroport par son passage Il serait en droit d’attendre en arrivant, comme quand on entre dans un magasin, qu’il y ait quelqu’un pour lui dire bonjour, pour lui  demander ce dont il a besoin.

Quant aux salons réservés aux classes affaires, ils sont à Roissy à mille lieux de ce qu’on trouve dans  bien des aéroports comme Abou Dhabi ou  Istanbul, pour ne pas parler de Singapour, Séoul ou Hong Kong. Qu’on ne prétende pas qu’il faut de l’argent qu’on n’a pas: on a dépensé, on dépense à Roissy des fortunes pour des choses inutiles. Et c’est d’ailleurs aussi de l’intérêt d’Air France qu’ADP soit concurrentiel, sinon bien des gens refuseront d’utiliser Paris et ADP comme aéroport de transit et la compagnie nationale ne réussira pas à avoir le grand hub dont elle rêve.

On peut même se demander si le général de Gaulle serait heureux de voir son nom associé à cela.

La France, première nation touristique du monde, qui prétend redevenir un centre intellectuel et culturel mondial, ne peut que décliner si rien n’est fait pour changer radicalement l’image qu’elle donne d’elle-même. Et rien n’est plus important, pour un pays comme pour une personne, que de faire preuve de respect de soi-même: c’est même  la première condition à remplir pour espérer être respecté par les autres.