On voudrait profiter d’un post estival pour faire une pause et ne parler ni de la comédie des dettes publiques en Europe, ni de la quasi-faillite des Etats-Unis, ni de l’interminable guerre en Lybie, ni des horribles massacres en Syrie, ni de la famine impitoyable en Somalie, en Ethiopie et ailleurs, ni des fuites radioactives toujours très inquiétantes dans la centrale de Fukushima. Ni du désespoir des sans abris, en France même. Ni de tant d’autres malheurs qui constituent, aujourd’hui, le quotidien de milliards d’humains.

A tout cela, il est en fait impossible d’échapper. Où qu’on soit, dans les campagnes françaises ou à l’autre bout du monde, on ne peut pas ne pas voir que l’Histoire ne prend pas de vacances. Les bourreaux ne partent pas en congés payés ; il n’y a pas de 35 heures pour les tortionnaires ; les enfants meurent de faim au mois d’août ; les prêts doivent être remboursés aussi bien en été qu’en hiver ; la tragédie ne respecte ni Ramadan, ni Kippour, ni Noël, ni aucune fête chinoise ou indienne. L’Histoire avance, à son rythme. Et elle exige de nous de ne pas baisser la garde.

Et même si beaucoup d’entre nous, dans ce pays béni des Dieux qu’est la France, réussissent à franchir le mois d’août en spectateurs compatissants des malheurs des autres, sans être vraiment atteints au plus profond d’eux-mêmes, dans leur vie professionnelle et privée, chacun, même parmi ceux qui se croient les mieux protégés, doit, plus que jamais, se poser la question de ce qu’il lui incombe de faire pour survivre, lui et les siens, aux conséquences, qui s’annoncent à l’horizon du pays, de toutes ces crises à l’oeuvre. Et aussi pour tirer au mieux parti des formidables potentialités d’un avenir par ailleurs plein de promesses.

Etre à l’affut des risques sans tomber dans le catastrophisme ; se former sans cesse ; se préparer à saisir des opportunités, à changer de métier ; vérifier les assurances dont on dispose ; gérer son patrimoine, aussi modeste soit-il, de façon à anticiper les risques d’effondrement des marchés boursiers, des obligations d’Etat et des plans d’assurances vie qui leur sont attachés ; sans oublier de tenir compte des menaces , à plus long terme, d’un retour de l’inflation.

Et aussi se préparer aux choix qu’il faudra faire pour le pays en mai prochain. Pour cela, dès maintenant, exiger des hommes et des femmes politiques, candidats aux présidentielles ou aux législatives qui suivront, qu’ils se prononcent, dès leurs universités d’été de la fin août, sur les principales questions qu’ils auront à traiter, si leur camp venait à l’emporter : l’emploi, la compétitivité, la dette publique, la défense, l’éducation, l’environnement, la santé, les retraites; et tant d’autres.

Ils n’auront pas trop de ce mois d’août pour s’y préparer.