A priori, l’année prochaine s’annonce fort mal.

Pour le monde, où rien n’indique qu’aucun des conflits en cours (en Ukraine, au Proche Orient, au Moyen Orient, en Afghanistan, en Afrique Sub-Saharienne) ne s’arrêtera. Rien ne laisse penser non plus qu’il y aura moins de prises d’otages, d’attentats- suicide, de femmes enlevées et violées, d’épidémies (le choléra menace déjà en Afrique centrale, la peste revient à Madagascar). Rien n’indique non plus que la croissance mondiale ne continuera pas à ralentir, sous les coups de la déflation, de la concurrence et des innovations. En conséquence, continueront de s’exacerber les déséquilibres économiques et financiers, à s’alourdir les dettes publiques et privées, à s’aggraver les inégalités, le sous-emploi de la jeunesse, sans que ralentisse pour autant l’émission de gaz a effet de serre.

Il est même possible que, au delà de la simple poursuite des tendances actuelles, on assiste en 2015 à des chocs d’une toute autre ampleur : des catastrophes naturelles, des épidémies, des guerres, des attentats géants, des explosions de bulles financières.

Par exemple, un guerre pour l’Ukraine, engageant l’Otan face a la Russie, par l’engrenage des alliances, n’est pas du tout exclue.

En Europe, en particulier, exposée à tous les enjeux du monde, rien n’indique qu’aucun des problèmes de fond qui lui sont spécifiques ne sera réglé, ni même adressé en 2015 : La gouvernance de la zone euro restera fragile, á la merci de la moindre crise en Grèce, en Italie, ou en France. En clair, une crise majeure de la zone euro reste tout à fait possible.

En France, plus spécifiquement, l’année s’annonce particulièrement horrible pour le gouvernement, guère meilleure pour l’opposition, et pire encore pour les plus faibles des habitants de ce pays. Des élections cantonales et régionales désastreuses pour la gauche, qui feront rentrer le Front national au sommet des exécutifs départementaux et régionaux, un congrès calamiteux du parti socialiste ; des réformes de plus en plus difficile a faire voter ; une croissance qui ne sera pas au rendez vous ; un chômage et une dette publique qui augmenteront inexorablement, et plus encore si on tente de les réduire par des économies brutales. Et à droite, des querelles de personnes qui révéleront plus clairement encore qu’il y a de l’extrême droite dans la droite.

A la fin de cette année 2015, le monde, l’Europe, la France, épuisés, connaîtront des crispations sans doute de plus en plus violentes.

Et pourtant, le meilleur est aussi possible.

On peut imaginer que Russes et Occidentaux s’entendent pour stabiliser l’Ukraine et se rapprocher; que l’alliance de toutes les forces du monde réussissent a éradiquer Daesh; que la baisse du coût du pétrole ait un impact positif sur la croissance mondiale ; que des découvertes scientifiques nous émerveillent ; que les Israéliens comprennent que la création d’un État palestinien est dans leur propre intérêt ; qu’Ebola soit vaincu sans qu’aucune autre épidémie ne vienne le remplacer. On peut imaginer aussi que l’Europe, après que la BCE aura tiré sa dernière cartouche, avec l’achat de bons souverains, se décide à se lancer dans une reforme institutionnelle, aboutissant à la création d’une capacité d’emprunt et d’investissement massive. On peut encore espérer que le gouvernement français, soucieux de laisser une trace dans l’histoire, lance, dans un élan inattendu, de vraies réformes ; en remettant en chantier la loi sur la formation permanente, en réformant l’école primaire, pour que plus personne ne sorte de l’école sans savoir lire et écrire ; en décidant enfin d’une reforme courageuse du système des retraites ; et en réduisant tous les gaspillages de l’État et des collectivités territoriales.

Et comme je ne veux pas en rester à présenter une alternative, je veux croire, pronostiquer même, que 2015 ne sera pas l’année d’une entrée dans l’enfer, mais du début d’une renaissance. Parce que chacun de nous prendra les choses en main, pour nos vies personnelles, celles de ceux qui nous entourent et les générations à venir.

Sans doute faut-il parfois, pour l’humanité, qu’elle frôle la catastrophe, pour qu’elle prenne conscience du privilège d’être vivant.