Tout va bien  : les principales Bourses  remontent  ; les banques  expliquent qu’elles ont retrouvé  la confiance du public ; les augmentations de capital des entreprises se placent   mieux que prévu ;  des plans de relance énormes ont été mis en place ; des mesures significatives sont  annoncées au G20  pour assurer une reprise de la croissance mondiale en 2010 et   assurer une meilleure transparence de certains paradis fiscaux,   un meilleur contrôle des agences de notation et  une augmentation significative des ressources du FMI.

Malheureusement,   dès le  lendemain du G20,  on réalisera que rien n’est véritablement réglé :

  • La croissance boursière ne tient qu’à  l’entrée en vigueur le 2 avril  d’une  décision prise il y a quelques mois  permettant d’évaluer les actifs à une valeur plus élevée que celle du marché. Et  les marchés boursiers, qui  « achètent avec la rumeur  et vendent avec la nouvelle » devraient recommencer à  baisser.
  • Les principaux lieux de la fraude fiscale et des turpitudes financières, c’est-à-dire la City et les Etats-Unis, resteront indemnes : personne ne parle  au G20 de remettre en cause le système du trust anglais, ou   la législation fiscale du Delaware ou  du Nevada. Ni  celle de Macao ou de Hong Kong.
  • Les CDS, qui représentent encore au moins 60T$,   sont de plus en plus utilisés non comme des polices d’assurances, mais  pour  spéculer sur la faillite des entreprises et   même pour  les provoquer par des  effets de levier énormes, avec la bénédiction du gouvernement américain, qui donne le mauvais exemple avec  le scandaleux plan Geithner, qui va permettre à quelques fonds américains de faire fortune en reprenant le meilleur des actifs  dits « toxiques » des banques , avec  l’argent des contribuables.
  • Les principales  banques, (qui conservent le droit de titriser à 100% leurs prêts alors que cela est à l’origine même du problème des subprimes puisque cela leur permet de prêter sans risque)    n’ont toujours pas de fonds propres ;  et ceux des compagnies d’assurance sont très menacés ; d’innombrables entreprises industrielles n’ont plus de clients  et la chute des recettes fiscales de tous les gouvernements  rendra infinancables en 2010 les promesses faites en 2009.
  • L’opposition reste totale entre les Américains, (qui souhaitent augmenter la consommation, même au prix de l’inflation), les Chinois, (qui souhaitent relancer  l’investissement et protéger leurs avoirs),  les Européens, (qui souhaitent réguler le capitalisme mondial), et les pays les plus pauvres, encore une fois principales victimes.

Pourquoi cela ? Parce que, au lieu de réunir le Comité Monétaire et Financier Intérimaire du FMI, composé de 24 membres, organe légitime pour décider d’une réforme équilibrée, on a choisi de réunir un comité sans pouvoir,  le G20,  parce que la présidence en était britannique (alors que celle du CMFI est assurée par l’Egypte)  et qu’ainsi le monde anglo-saxon pouvait protéger ses privilèges,  en attendant le retour  naturel de la croissance mondiale.

Cette stratégie peut réussir : Si  les Américains parviennent, par des faillites massives de grandes entreprises, à réduire leur taux d’endettement,  et,  par une  relance forte, à relancer leur économie ; si  les Chinois continuent de financer les déficits anglo-saxons ; si une hausse des prix du pétrole jusqu’à 80 dollars le baril  relance les économies des pays producteurs ;   et si le progrès technique fait le reste.

Mais si toutes  ces conditions ne sont pas réunies, la crise  s’approfondira ; et elle ne pourra plus  etre résolue sans une nationalisation des principales banques américaines ,  une limitation des effets de levier et de la titrisation,  une interdiction d’acheter des CDS sans posséder les obligations sous jacentes  et  un contrôle des paradis fiscaux anglo saxons. C’est-à-dire sans une  remise en cause  radicale des pouvoirs de ceux qui auront orchestré la   comédie de Londres.