Peut-on raisonnablement espérer qu’après tant d’échecs, une nouvelle conférence internationale, à Paris, en novembre prochain, réussisse à maitriser le réchauffement climatique ? De fait, c’est très mal parti :

D’abord, aucun consensus n’existe sur les mécanismes en cause : pour certains, le responsable est surtout le soleil et nul n’y peut rien. Pour d’autres, ce sont les activités humaines, et en particulier l’émission de gaz à effet de serre ; et on y peut beaucoup. Pour d’autres enfin, la température mondiale n’augmente plus depuis plus de 10 ans, le pire est passé et il est inutile de s’en préoccuper.

Ensuite, aucun consensus n’existe non plus sur la nécessité d’éviter ce réchauffement, s’il a lieu : pour certains, le changement climatique ne doit pas servir de prétexte pour ralentir la croissance, car celle-ci est plus que jamais nécessaire à la lutte contre la pauvreté et le désordre politique ; plus même, ce changement serait bienvenu parce qu’il rendrait cultivables et habitables de vastes étendues aujourd’hui gelées, au Canada et en Russie. Pour d’autres au contraire, ralentir le réchauffement serait fondamental car il constitue une menace pour la vie même : une augmentation de 2°C entrainerait une hausse très significative de la fréquence et de l’intensité des cyclones, des sécheresses des inondations et entrainerait l’extinction de 20 à 30% des espèces animales et végétales.

Alors, qu’en attendre ? Pour les diplomates et les négociateurs actuels, il faudrait y décider de renoncer volontairement à extraire, par un rationnement autoritaire ou par une taxe sur les émissions de CO2, 80 % du charbon connu, la moitié du gaz et le tiers du pétrole. Cet objectif est complètement illusoire et il faut cesser de prétendre qu’on va l’atteindre : personne ne se résignera jamais à conserver sous ses pieds de tels trésors d’énergie sans jamais les utiliser.

Pourtant, si elle reste sur sa trajectoire actuelle, cette conférence produira, au mieux un vague communiqué moralisateur promettant de réduire significativement les émissions de CO2 d’ici à 2050, date à laquelle tous les négociateurs seront depuis longtemps en retraite, pour le moins.
Avec peut-être, au mieux, en annexe, un petit financement pour des innovations.

Pour réussir vraiment, la COP21 doit dès maintenant changer totalement d’objectif et de mode de négociation. Elle doit devenir une conférence de lancement d’une économie positive mondiale, c’est à dire une économie au service des générations suivantes. La présidence française doit énoncer clairement, et dès maintenant, que son but ne sera pas de négocier des normes ou des quotas, totalement irréalistes. Mais d’orienter les entreprises et les consommateurs vers de nouvelles façons de produire et de consommer. Et pour cela, de rassembler des financements massifs pour des projets très concrets, faisant par exemple basculer les transports automobile et aérien vers des sources d’énergie électrique d’origine nucléaire ; organisant le transport à longue distance de l’énergie solaire produite avant la tombée du jour en Grèce vers l’Allemagne et du Moyen Orient vers l’Inde ; incitant au développement des technologies d’économie d’énergie et de substitution de l’information à l’énergie, (telle l’imprimante 3D et l’économie collaborative). Autrement dit, plus généralement, comprendre que l’altruisme est la meilleure façon de lutter contre les émissions de CO2.

Plus encore, la présidence française devrait avoir dès maintenant le courage d’anticiper sur son échec, prendre acte de ce qu’elle ne pourra sans doute pas imposer une réduction des émissions mondiales de CO2 et concourir au développement des techniques de sa captation : le transformer en carbonate, par une réaction avec une solution basique ; développer des forets sur terre et des phytoplanctons dans la mer, capables les unes et les autres d’absorber le CO2 par photosynthèse.

Et plus encore même, oser imaginer comment réfléchir les rayons solaires pour les empêcher de participer au réchauffement, en modifiant le pouvoir réfléchissant des surfaces terrestres, en envoyant des miroirs dans l’espace et en augmentant la brillance des nuages en leur injectant des sels marins.

De magnifiques chantiers, si on ose passer d’une écologie punitive à une économie positive.