Au coeur de l’été, lorsque les cendres et les confettis électoraux seront retombés et auront été ramassés, le pays se trouvera dans une situation extrêmement périlleuse.

1. En France, les perspectives de chômage, de déficit budgétaire et de balance de paiement seront pires que n’avait voulu le faire croire la majorité sortante.

2. Les élections en Grèce auront sans doute amené un gouvernement hostile à l’accord de stabilité et sa sortie de l’euro sera imminente.

3. Au Portugal, le soutien de l’opinion à la politique d’austérité se sera effiloché.

4. En Italie, le gouvernement de Mario Monti aura perdu l’essentiel de son élan réformateur.

5. En Allemagne, l’union sacrée autour de la politique d’austérité aura disparu.

6. L’Espagne aura fait basculer sa dette privée sur sa dette publique, qui atteindra le niveau français et allemand, dans un contexte de chômage record.

7. Les banques européennes apparaitront comme durablement incapables, faute de fonds propres, de financer l’économie.

8. L’union européenne, empêtrée dans des querelles bureaucratiques et sans leadership sérieux, aura montré son impuissance.

Si ce scénario se réalise, la fin de l’euro et l’effondrement du niveau de vie de chacun des européens sera à portée de vue. Et pourtant, ceci n’est pas inévitable :

1. En France, des économies considérables sont possibles, en s’attaquant aux innombrables gaspillages de l’Etat, des collectivités locales et des administrations sociales, sans pour autant remettre en cause la justice sociale.

2. En France, des moyens considérables existent pour améliorer sa compétitivité en ouvrant les professions fermées, en taxant plus l’héritage et la fortune que les richesses créées, en organisant une dévaluation fiscale.

3. La France et l’Allemagne peuvent s’entendre pour définir un chemin commun vers une Europe de croissance.

4. La commission européenne dispose d’une cagnotte de 50 milliards d’euros, qu’elle ne peut utiliser, et qui, transférée comme capital à la Banque Européenne d’Investissement, peut permettre à cette banque publique, efficace et puissante, de financer plus de 500 milliards d’investissements nouveaux d’infrastructure d’énergie, de télécommunications et de soutien aux PME.

5. Le Fonds Européen de Stabilité Financière peut être transformé en banque et financer les urgentes augmentations de capital des banques de l’Union.

6. Tous les pays de l’eurozone pourraient définir en commun un agenda de réformes de compétitivité, applicables quelque soit les majorités au pouvoir dans les divers pays. Pas un document impraticable, comme l’agenda de Lisbonne, mais un vrai programme commun.

7. L’eurozone peut se doter d’une recette fiscale autonome, pour financer des eurobonds, qui mutualisererait les risques entre les pays de l’Eurozone.

8. Pour voter cet impôt, l’Eurozone peut se doter d’un parlement fédéral, qui pourrait être à Strasbourg quand celui de l’Union resterait à Bruxelles.

Tout cela ne pourra pas être mis en oeuvre en cas de cohabitation : le président a besoin d’une majorité pour gouverner. Mais cela ne pourra pas non plus être réalisé par la gauche seule. D’abord parce qu’il ne faut pas se priver d’excellentes idées de modernisation venues de droite et que Nicolas Sarkozy a eu le tort de ne pas appliquer. Ensuite parce qu’il faudra une véritable union nationale pour réussir à fonder la justice sociale sur la suppression des innombrables rentes qui paralysent le pays. Enfin parce qu’il faudra séduire, pour les garder, tous les créateurs, et unir toutes les forces de la France.