Après un  tres remarquable discours du président de la république, proposant de très nombreuses réformes ( dont beaucoup sont  reprises du rapport de la commission que j’ai eu l’honneur de présider, comme la réduction du nombre de niveaux territoriaux, la généralisation du contrat de transition professionnelle qui amorce le contrat d’évolution, la relance de la recherche, de la santé, de l’éducation, et des grands projets, par l’emprunt si nécessaire ) on ne peut qu’etre surpris, sinon déçu, du nouveau gouvernement, et de l’accueil qu’il a reçu. Non que les femmes et les hommes qui le composent ne soient remarquables, (en particulier celui dont on parle tant, et qui a toutes les compétences nécessaires, au-delà de la gloire de son oncle, pour occuper le poste qu’on lui a proposé). Mais parce qu’en fait, la structure même de ce gouvernement, le rang protocolaire des ministres , et les débats qui ont précédé  et suivi sa mise en place,  démontrent que beaucoup, dans ce pays, n’ont pas encore compris la réalité des enjeux que le président a, pourtant, si souvent et si bien décrit.

Tous les débats se sont en effet concentrés sur les ministères de souveraineté : intérieur, justice, affaires étrangères, culture. Très peu a été dit sur les ministères les plus importants pour l’avenir (l’industrie, l’agriculture, )   dont il est de notoriété publique que ceux qui les occupent désormais, malgré leurs mérites,  n’étaient pas candidats et n’ont aucune compétence particulière pour les remplir. Il est aussi significatif que la responsable des technologies nouvelles , fort  compétente, reste à un rang protocolaire dérisoire, que le ministère de l’environnement n’a pas identifié clairement sa responsabilité première dans les grandes infrastructures, que nul ne sache vraiment qui est en charge de l’énergie, ou de la formation des adultes,  que la ministre de la santé, ou celle  de la recherche et des universités, dont le bilan est plus discutable encore que celui beaucoup de partants, soient  encore là.  Et que personne ne soit clairement en charge d’un plan.

Le pays tout entier, qui ne débat  ainsi depuis deux jours  pour l’essentiel que des questions de personnes,   semble regarder l’avenir dans un rétroviseur, en n’attachant d’importance qu’aux ministères régaliens et aux sourires des promus . Comme si nous étions encore au temps de notre splendeur passée, comme si nous n’avions pas à nous  battre à chaque seconde pour investir,  acquérir des technologies, former des cadres, attirer des talents, réduire les gaspillages et les injustices .

Si chacun, à sa place, n’en prend conscience, les faits, un jour, l’imposeront.