Qu’elle est belle, la France de Juillet!  Le plus beau pays du monde, à n’en pas douter. Et le reste de habitants de la planète le savent bien, qui se précipitent, plus nombreux que jamais,  sur nos plages, nos montagnes, nos campagnes, dans nos hôtels, nos restaurants, nos musées ; qui partagent  nos défilés, nos bals  et nos feux d’artifice . Et surtout, découverte nouvelle, engouement croissant : nos festivals.

A coté des plus anciens d’entre eux, références incontournables, comme Aix ou Avignon, ( en fait tres récents, comparés aux festpiele allemands et aux  festivals anglais)  tant d’autres  rendez-vous  d’été  se sont hissés depuis peu au même niveau. Tant d’autres y aspirent. Et  bien plus encore, sans  toujours prétendre a l’excellence , utilisent du mieux qu’ils peuvent une église,  un  château,  ou une maison, un jardin,  pour recevoir musiciens, comédiens, danseurs et chanteurs. En tout, il y aura cet été  en France plus de 1200  festivals,  où plus d’un million de spectateurs viendront  voir et entendre plus de 20.000 artistes, dont un tiers d’étrangers.

Ce mois enchanteur dit beaucoup sur la France de 2011.

Il  dit  d’abord son extraordinaire douceur de vivre, sa grande créativité, son exceptionnelle infrastructure, sa formidable capacité hospitalière (au double sens du mot) ; il   dit aussi  le formidable appétit de culture de ses habitants, toutes classes  confondues, soucieux de se retrouver, autour, en général,  de la musique, pour l’essentiel étrangère, oubliant  pour un moment querelles politiques et soucis  personnels.

Il dit  encore que  notre pays vit   de plus en plus dans un temps  où rien ne vaut  le spectacle vivant ; et que, face à  la solitude générale,   le désir de rencontrer l’autre, de partager un moment de beauté,  est plus prégnant que jamais.  Il dit enfin que jamais les artistes n’ont eu plus de place dans la société, et que l’évolution des technologies n’est en rien un obstacle à leurs carrières et à leur créativité .

Mais il faut savoir regarder un peu en dehors des salles de théâtre et des cours de châteaux. Et   la  présence digne de mendiants,  de plus en plus nombreux,  au voisinage des entrées des festivals, nous dit aussi  la misère de ceux qui n’y auront jamais accès ;  et, plus largement, elle nous rappelle la pauvreté de la moitié des Français qui ne pourront pas , cette année,  prendre des vacances.

La sérénité des festivals ne  doit pas non plus nous faire  oublier que, pendant ce temps, le chômage ne se réduit pas,   nos dettes s’accumulent,  notre commerce extérieur plonge et  l’insécurité continue de gagner du terrain.

Savourons donc ce mois de juillet, dernier moment de pause avant que ne commence une année essentielle pour l’avenir  du pays. Elle sera peut etre nauséabonde,  comme le laissent craindre les ragots et les faits divers dont se repaissent les uns et les autres. Elle sera  surement intense et  commencera dès  le mois d’aout :  au plus tard avec les universités d’été des partis politiques ; au plus tôt avec une nouvelle dégradation de la situation financière mondiale, plus   fragile  que jamais.

De ce qui s’y passera  après cette rentrée politique dépendra le fait de savoir si Juillet 2011 restera  comme un ultime  moment de bonheur, dont nous aurons longtemps la nostalgie,   ou si au contraire nous saurons faire en sorte que Juillet 2012 soit plus heureux encore…

D’ici là, profitons de chaque instant.