Rêvons un peu : 2026 peut être l’année du Bien.

On me dira que ce n’est pas le plus probable et que, au vu de ce qui s’est passé pendant l’année qui s’achève, on doit plutôt s’attendre à bien pire encore pendant les douze prochains mois. Le plus vraisemblable est en effet que 2026 soit marqué par une aggravation des dérèglements climatiques, une accélération de la pénurie d’eau dans de larges parties du monde, à une artificialisation croissante des sols et de la nourriture, à un élargissement du théâtre du conflit à l’Est de l’Europe vers les pays baltes, une multiplication des   massacres au Soudan et au Nigéria, l’aggravation de la situation des   femmes en Afghanistan, en Iran et dans bien d’autres pays. On  peut aussi s’attendre au règne planétaire   des fausses nouvelles, à l’installation  ouverte d’une dictature néronienne aux Etats Unis se donnant, par les trucages et la  terreur,  les moyens de gagner des  élections de novembre vidées de leurs sens ; on peut prévoir aussi  le départ de la plupart des  troupes américaines d’Europe,  leur  débarquement au Groenland  des attentats terroristes d’une ampleur inédite, une  montée de l’antisémitisme de gauche et de droite, et  la poursuite de la politique criminelle et suicidaire de l’actuel gouvernement israélien. On peut craindre une poursuite du démantèlement de l’Union européenne, par des gouvernements de plus en plus nationalistes. On peut aussi penser probable une victoire des extrémistes aux élections locales en France, au ralliement ouvert d’une large partie du patronat européen et des partis de droite dite libérale à l’extrême droite, ouvrant la voie à un affrontement, au deuxième tour des présidentielles de l’année suivante, de deux partis identitaires, tous les deux national populistes, hostiles à la construction européenne et pro-russes.

A cela on pourrait ajouter, mondialement, l’accélération de l’évolution de l’IA jusqu’à ce qu’elle ait atteint son autonomie à l’égard des humains, avec toutes les conséquences cauchemardesques qu’on peut imaginer dès l’an prochain.

Tout  cela est parfaitement vraisemblable, c’est même le plus probable.

Pourtant, ce n’est pas certain. On peut au contraire imaginer, espérer, réussir, une année 2026 toute autre :

Aux Etats Unis, les Républicains anti Trump peuvent s’allier aux Démocrates pour mettre un coup d’arrêt à la folie d’un président qui viole chaque jour d’avantage la constitution, et qui est de plus en plus ouvertement entouré d’agents russes ; cette alliance pourrait faire basculer le Senat et la Chambre des Représentants vers les Démocrates, réduisant très sensiblement les pouvoirs du président et restaurant un peu de la grandeur perdue de la démocratie américaine.

En Israël, les partis du centre et de gauche peuvent gagner les élections de 2026, envoyer Netanyahu en prison et les partis religieux à leur obscurantisme intolérable, retrouver l’âme du sionisme laïc des début ; en Palestine on peut encore espérer voir des dirigeants courageux et non corrompus éliminer enfin le Hamas et les autres forces terroristes et   reprendre le chemin de la paix par   la solution à deux Etats.

En Russie, on peut imaginer la prise de conscience par une partie de l’élite, de l’impasse à laquelle conduit la politique suicidaire des dirigeants actuels et  les voir contraindre le pouvoir à un cessez-le-feu durable ; et même une libéralisation du régime, condition pour que la Russie retrouve enfin sa place légitime dans le concert des nations.

En Europe, l’an prochain, de plus en plus de dirigeants peuvent prendre conscience enfin de la solitude du continent et lancer enfin un grand programme de souveraineté militaire et technologique, dans les secteurs de l’avenir, tout en respectant l’identité culturelle et démocratique de chacun d’eux, et tout en élargissant leur Union à tous les autres pays du continent, Ukraine et Balkans compris. On peut aussi espérer qu’ils comprennent que leur avenir démographique dépend autant de leur politique du logement et de leur politique familiale que de ce qu’ils font pour intégrer sérieusement et dans la durée à leur culture et à leurs valeurs les étrangers qu’ils continueront nécessairement d’accueillir.

En France, les partis démocratiques peuvent gagner les élections locales  de mars 2026, démontrant  qu’ils sont encore largement majoritaires dans l’opinion et qu’ils peuvent  faire reculer les tentations identitaires de l’extrême gauche et de l’extrême droite, faire triompher une laïcité exigeante et faire surgir  des  candidats crédibles pour les élections présidentielles  de l’année suivante ; avec des programmes à élaborer en 2026,  prenant acte de la nécessité de réduire massivement les  innombrable gaspillages d’argent public, les subventions   indues à des lobbys,  les  strates administratives inutiles , les  doubles emplois insupportables, allégeant les impôts et réduisant les déficits, tout en donnant  bien  d’avantage de moyens à tous les secteurs de l’économie de la vie, et d’abord à la santé, à l’éducation, à l’alimentation saine,   au logement, à la protection de l’environnement et à la sécurité.

Enfin et surtout, on peut penser qu’en 2026, l’humanité découvrira et mettra en œuvre des moyens nouveaux pour mieux protéger la nature, de promouvoir une agriculture de proximité, manger sainement, soigner, guérir des maladies jusqu’ici incurables, réduire la douleur, ’enseigner avec moins d’efforts et beaucoup mieux à tous   l’érudition nécessaire à chacun.

Qu’est-ce qui séparera l’année du bien de l’année du mal ?

La même chose que ce qui sépare, en chacun de nous, la lâcheté   de   la volonté de réagir à une menace ; la résignation à l’inévitable de son refus ; la désignation de boucs émissaires de la recherche lucide   d’une   réponse courageuse ; l’abandon aux forces du monde de la décision de se rebeller contre elles.  Sans attendre le désastre pour tenter de s’en prémunir.

Oui, 2026 peut être l’année du Bien :  il n’est pas nécessaire d’attendre d’avoir perdu une guerre pour entrer en résistance.