Au moment où déferlent a Paris les milliers de gens qui font la mode planétaire , voici que, dans ce monde comme dans tous les autres, la rue impose peu a peu sa loi.

A priori, rien n’en est plus éloigné que la mode: Elle est en principe un diktat d’élite autoproclamees , souvent de très grand talent , imposant parfois de véritables révolutions au vêtement féminin ( la fin des crinolines et des corsets, la robe au dessus du genou, le tailleur, la minijupe, la veste de smoking) ou se contentant de changements de couleurs dominantes, souvent imposés par des bureaux de style. Ainsi, cet hiver, la mode sera, paraît il, aux couleurs moutarde, chocolat et bordeaux, avec des dentelles chinoises  et des chaussures pointues.

La mode commence en haute couture et descend, de plus en plus vite, de plus en plus élégamment, dans la rue.

Quelques mutations technologiques vont bouleverser tout cela.

D’abord, les créateurs commencent a utiliser le clip pour faire connaître leurs collections. Des clips d’abord simplement publicitaires, puis devenues d véritables films, mis en scène par de grands réalisateurs et ou commencent a venir jouer de très célèbres comédiens.(www. sylviaetc.blogspot.com )

Puis, ces clips sont diffusés sur le net, permettant a chacun, beaucoup plus vite et beaucoup mieux qu’avant, de tout en connaître.

Plus encore, ce seront bientôt, ce sont déjà, les bureaux de style eux mêmes, qui feront ainsi connaître leurs choix, et ceux des maisons de tissus, aux consommateurs, leur permettant d’anticiper sur les choix des couturiers .

Et la, tout s’inverse: ce qui s’est joué sur la musique, quand le clip d’un inconnu a pu devenir un succès mondial, se jouera dans la mode: les tendances, les couleurs, les idées proposées par des amateurs pourront se faire connaître et s’imposer .

La rue, chacun le sait , se fait entendre depuis longtemps dans la mode. Elle inspire des créateurs et leur impose ses choix. Le jean en est un exemple.

Ce qui vient ira beaucoup plus loin: la rue imposera ses tendances, ses couleurs et ses formes, sans même avoir a passer par le filtre et la reconnaissance des acteurs officiels de la mode.

La rue trouvera, trouve déjà, de nouvelles façons de faire connaître a la rue ce qui lui plaît, de faire savoir ou et comment le fabriquer au mieux et le moins cher. Elle melera, comme le fait la musique, des idées venues de tous les coins du monde. Elle remettra en cause toute l’organisation de cette industrie autour de quelques signatures, de quelques défilés, de quelque saisons, de quelques tendances. Sans que les fabricants aient besoin de prendre le risque de lancer des collections pour tester les envies du public.

La rue fera alors , ( en tout cas faut il l’espérer) , exploser bien des codes, en particulier dans le monde si conservateur du vêtement masculin.

Les grands créateurs conserveront toujours un rôle, celui d’inspirateurs et d’avant garde.

Les grandes firmes, comme les majors en musique, en pâtiront.

Les politiques qui , plus que quiconque, dépendent des gens pour leur existence, devraient , s’y préparer,  s’ils ne veulent pas être , comme la mode l’est déjà, débordés par la rue.