Peut-on se passer d’une hausse d’impots ? Peut-être, répond l’essayiste Jacques Attali, auteur d’un livre sur la dette publique. Mais réduire la dette passera forcément par des mesures impopulaires.

Que répondre aux Français, inquiets d’une possible hausse des impôts ?

Qu’ils ont raison. Il est urgent de faire des économies budgétaires considérables. Le gouvernement compte économiser 100 milliards d’euros en trois ans. Il va donc devoir augmenter ses recettes fiscales. Pour y parvenir sans augmenter les impôts, il espère le retour de la croissance. Mais celle-ci tarde à venir. Si elle tarde encore, il y a trois possibilités : soit l’objectif ne sera pas tenu, soit il sera tenu par la baisse des dépenses de l’Etat, soit par une hausse d’impôts. Les Français sont angoissés car ils restent dans l’incertitude. Ils préféreraient qu’on leur annonce clairement la situation, La confiance se rétablit par le projet.

Quelles mesures prendre en priorité pour sortir de la crise ?

Ce qu’il nous faut, ce n’est pas un plan de rigueur, c’est un plan catastrophe. Cela veut dire lutter contre la dette, libéraliser l’emploi, libérer la croissance. Et progresser dans de nombreux domaines: l’innovation, la recherche, l’enseignement au primaire. En cette période de concurrence et de baisse des prix, la TVA peut augmenter. A titre personnel, je plaide pour la réduction de certaines niches fiscales, ou pour le versement des allocations familiales sous condition de ressources. Nous avons un président pragmatique, qui se dit homme d’action, qui a promis qu’il ne serait pas démagogique. Il a deux ans pour prendre les mesures nécessaires. Il deviendra impopulaire, mais il n’a pas le choix s’il veut etre réélu. Et au final, les Français lui en sauront gré. Si rien n’est fait pen¬dant ces deux ans, son successeur n’aura pas d’autre choix que la rigueur.

La France doit-elle s’inquiéter pour son avenir économique ?

Mais la France s’adapte à une vitesse extraordinaire ! Personne ne rappelle qu’elle a un taux de croissance supérieure à l’Allemagne depuis dix ans, qu’elle demeure la cinquième puissance industrielle du monde, la première pour le tourisrne, Tous les pays riches ont connu une dérive budgétaire. Il ne faut pas ètre pessimiste.

RECUEILLI PAR GILLES WALLON