A priori, c’est une élection qui ne concerne qu’un tout  petit pays, Israël, confronté à de gigantesques problèmes sociaux : Un cinquième de ses habitants, soit 1.6 million de personnes,  dont  800,000  enfants (surtout arabes, ou nouveaux immigrants, toutes communautés confondus), vivent en dessous du seuil de pauvreté, à coté d’entreprises de haute technologie parmi les plus avancées du monde et  malgré une croissance qui reste une des plus élevées du moment.

En fait, cette élection  concerne le monde entier, dont la stabilité  dépend très largement de celle du Moyen-Orient, qui dépend-elle même beaucoup de la capacité des Israéliens et des Palestiniens à  faire la paix et à  se reconnaitre.

A priori, si on pouvait se contenter d’une analyse rationnelle,  le meilleur est possible : les sondages, en Israël et en Palestine, montre qu’une immense majorité des deux peuples veut reconnaitre l’autre, et vivre en bon voisinage  dans des frontières claires, sures,  et ouvertes, telles qu’elles avaient été définies dans les derniers jours du mandat de Bill Clinton  à un moment où la  solution semblait  à portée de main : Un retour aux frontières de 1967,  un partage de Jérusalem et de ses lieux saints ; un échange de territoires , pour assurer aux Israéliens une sécurité qui n’existait pas dans les frontières de 1948, et donner aux Palestiniens les moyens d’accommoder en Cisjordanie une partie de la population de Gaza,  qui devra etre reconstruit, sur le modèle des grands ports de la région, comme Beyrouth ou Dubaï.  Puis, la création d’un marché commun entre les deux pays, auquel se joindront la Jordanie et l’Egypte.  Sur cette solution, au moins au niveau du vocabulaire, les principaux partis israéliens semblent d’accord.

De  plus, aux Etats-Unis, le président Obama, conscient du fait que  la région peut empoisonner la totalité de son  mandat,  comme elle a empoisonné celui de ses prédécesseurs,  souhaite aller vite  et à désigné un exceptionnel négociateur, George Mitchell,   parfaitement capable de trouver un accord. Et  les Européens, dont la France, manifestent enfin la volonté d’etre un acteur équilibré de la  recherche de la solution.

Mais, si on ne va pas très vite dans cette direction, le pire est vraisemblable : le conflit de Gaza a contribué à discréditer l’OLP et  l’autorité palestinienne. Il a aussi  renforcé le Hamas, et tous ceux qui dans le monde arabe ne veulent plus d’un compromis ; de même,  une partie de l’extrême droite israélienne, une fois de plus d’accord avec les plus extrêmes des palestiniens, commence à redire qu’il n y  a pas de place pour deux Etats viables dans la région. Les colons, qui sont maintenant  280.000 en Cisjordanie,   voudront  de moins en moins  partir et les échanges de territoires seront de plus en plus difficiles.

Il s’ouvre donc une très brève, et ultime, fenêtre d’opportunité : un gouvernement israélien nouvellement élu aura tous les pouvoirs, pendant quelques mois.  Il  lui faudra aller vite,  pour proposer une paix des braves,  définir les conditions de la négociation avec les Syriens et une  stratégie face aux Iraniens.

Personne dans la région  n’a plus qu’Israël, intérêt à la naissance d’un Etat Palestinien, que  les autres états de la région ont jusqu’ici, toujours réussi à empêcher.

Et les Israeliens doivent comprendre que la force ne suffit pas et que la toute puissance militaire  prépare le pire lorsqu’elle s’accompagne de l’humiliation de celui avec qui, de toute façon, il faudra vivre.