La  bataille qui se joue à Gaza en ce moment ne concerne pas que les Israéliens et les Palestiniens ; elle est   annonciatrice d’une évolution considérable des formes du combat entre nations,  et entre nations et entités non étatiques : L’arme balistique n’est plus réservée aux grandes puissances ; elle devient  à la portée de tous.

Désormais, tout pays, ou entité non étatique contrôlant un territoire assez vaste pour y cacher des rampes de lancement, mêmes sommaires,  peut  projeter des bombes à quelques dizaines  de kilomètres. Demain à quelques centaines. Puis à quelques milliers. Avec une précision  aujourd’hui  réservées aux fusées balistiques dont disposent les seules grandes puissances.

Quand tout cela sera compris,   la bataille de Gaza apparaitra comme la simple répétition générale d’un conflit d’une toute autre portée.

D’abord, face aux armes,  nucléaires ou classiques,  transportées par des fusées balistiques  à longue portée, aucune nation ne sera à l’abri d’une attaque surprise  pouvant surgir de n’importe où. A moins d’une protection antimissile tout azimut, que ne pourra assurer qu’une couverture satellite planétaire, qui  permettrait  de déceler le départ d’une fusée hostile et d’envoyer contre elle des missiles antimissiles, comme ceux expérimentées sous le nom de Patriot pendant la première guerre du Golfe. Aujourd’hui, se protéger de la menace venue de pays dit  « voyous » comme l’Iran,    les Etats-Unis sont   en train d’installer, sous couvert de l’OTAN,   dix lance-missiles intercepteurs en Pologne et un radar  très sophistiqué  en République tchèque. Tout sera en place en 2012. . En agissant ainsi, ils  définiront leurs  alliés par ceux qu’ils incluront  dans leur aire de protection,  donnant à ceux qui en sont exclus  le sentiment qu’ils sont menacés et qu’ils    devront se doter d’un même système   En particulier,  si la Pologne et l’Ukraine sont  couvertes et si la Russie ne l’est pas, elle se sentira menacée. Et s’en dotera.  La course aux armements reprendra.

Ensuite, pour qu’un  tel réseau de missiles  antimissiles  à longue portée fonctionne efficacement,  il faudra résoudre mille questions : qui contrôlera le réseau de satellites de  surveillance ?  Qui décidera de lancer les missiles antimissiles ? Quels pays accepteront de prendre le risque de recevoir sur leur  sol les débris de missiles destinés à un autre ? Qui peut garantir qu’une arme antimissile ne pourra pas  etre reconvertie en arme offensive ?

Enfin, face aux armes balistiques   à courte portée, le temps de réaction ne pourra pas etre assez rapide pour qu’un réseau de satellites permette d’intercepter une fusée après son lancement. Chaque pays devra donc etre assuré que de telles armes n’existent ni dans son voisinage, ni même sur son territoire.  Et si elle les repère, il devra  lancer une attaque terrestre préventive.

Sur tous ces sujets, l’avance technologique  américaine est incommensurable. Personne (et en particulier pas l’Union Européenne) n’a le moyen  de  mener seul la mise en place d’un tel réseau défensif. Ni à  courte ni  à longue portée.

Etrange monde, dans lequel  les épargnants chinois et les maitres du golfe persique financent   l’industrie  américaine   pour qu’elle mette au  point des  technologies   assurant à Washington le pouvoir de  surveiller les marchés et les gens ;  et de choisir à qui accorder  sa protection.