Encore une fois, un conflit éclate entre Israël et l’un de ses voisins ; cette fois, comme en 2008, contre le Hamas, qui gouverne encore à Gaza.

L’engrenage semble inexorable. L’assassinat de 3 jeunes israéliens. Le meurtre abominable d’un jeune palestinien. Des missiles lancés de Gaza par le Hamas sur les villes israéliennes et sur l’aéroport international, pour l’instant sans provoquer de catastrophe, en raison de l’extraordinaire efficacité des missiles antimissiles israéliens. Et des bombardements israéliens meurtriers sur Gaza pour mettre fin aux envois de missiles.

On voit bien où conduit cet engrenage : des milliers de victimes de la cote palestinienne, ce qui affaiblira le Fatah, accusé de « collaboration » avec Israël. D’autres victimes, du côté israélien, ce qui y nourrira un désir de vengeance.

Dans les deux pays, des gouvernants de plus en plus faibles.

En Palestine, un discrédit de tous les dirigeants ; au point que, si des élections y avaient lieu maintenant, le Hamas gagnerait en Cisjordanie et le Fatah à Gaza, laissant le pays, ou ce qui en tient lieu, totalement ingouvernable.

En Israël, une coalition branlante entre les extrémistes de M. Libermann et ceux de M. Netanyahou, en perte de vitesse. Tandis que le président Peres s’apprête à quitter la présidence.

A cote, une Egypte à peine convalescente et qui combat autant les Frères musulmans chez elle que le Hamas à Gaza. Un Liban paralysé par le Hezbollah, c’est à dire par l’Iran. Une Syrie martyre, dont le tyran, comme ses ennemis, soutiennent le Hamas. Un Irak en pleine déliquescence où émergent deux nouveaux Etats. L’un kurde et pacifique ; l’autre, islamique et sunnite, fer de lance d’une guerre de religions entre les deux branches de l’islam.

Face à cela, aucune grande puissance n’est à l’aise.

Les Etats Unis, qui se retrouvent alliés de l’Iran contre les terroristes sunnites, ont timidement proposé un arbitrage, dont personne n’a voulu. La France, qui est tiraillée entre la position traditionnellement pro-palestinienne du Quai d’Orsay et celle, beaucoup plus équilibrée, de la classe politique française, gauche et droite confondues. Une Europe sans direction. Une Russie et une Chine obsédées par le souci de ne pas nourrir les extrémismes islamiques à leurs propres marges.

Si cette situation perdure, les Arabes, les Turcs, les Perses, presque tous musulmans, sunnites et chiites, se réconcilieront bientôt sur le dos d’Israël, pour éviter de laisser le conflit israélo-palestinien nourrir la grogne chez eux. Et ils renonceront à la revendication de la création d’un Etat palestinien, constatant que la colonisation et le messianisme israéliens le rendent chaque jour moins viable. Ils réclameront un Etat unique et binational.

Ce sera alors la fin programmée de l’Etat d’Israël. Certains y accepteront l’Etat unique, convaincus d’y dominer ou d’en expulser les Arabes. D’autres verront le piège qui transformerait Israël en une nouvelle Afrique du Sud, vite mise au ban des nations. Avant de perdre son identité, par le jeu de la démographie et de la démocratie.

Il reste donc très peu de temps à Israël pour oser favoriser la création d’un Etat palestinien viable, à côté de lui. Et de lui fournir les moyens de son développement, sans pour autant baisser la garde face au danger terroriste. Comme le veut la grande majorité des Israéliens.

Il reste très peu de temps aux pays arabes, croulant sous leurs réserves de dollars, pour fournir à Gaza les moyens de devenir une magnifique destination touristique méditerranéenne.

Il reste encore moins de temps aux autres nations pour créer les conditions d’une solution à ce problème, qui nourrit toutes les violences. Nous ne devons pas rester de simples spectateurs de ce conflit.

En particulier, la France, où des communautés juives et arabes pourraient prendre parti et y puiser des sources de division, doit parler haut et fort. Et donner l’exemple de la réussite du vivre ensemble.