Jacques Attali a su ouvrir des perspectives neuves et fécondes tant sur la musique (Bruits) que sur la médecine (l’Ordre cannibale), présente ici, enfin, son grand livre de théorie économique.
Il n’est aujourd’hui d’autre point de  départ possible que la crise. Aussi faut-il avant tout dresser l’inventaire, jusqu’ici introuvable, de toutes les théories existantes de la crise : toutes vraies, dès lors qu’elles inspirent les politiques effectivement menées par les pouvoirs, partout dans le monde.
Pour les expliquer, Jacques Attali distingue entre trois mondes de pensée, car nous vivons à la fois dans trois réalités. Celle de l’échange et de la régulation, où la crise n’est qu’écart hors de l’équilibre. Celle de la production, où la crise dévoile les contradictions qui sont le moteur de l’Histoire. Et le monde nouveau qui sous nos yeux s’ébauche : celui de l’organisation, que l’auteur nous entraîne à découvrir. L’ordre y apparaît comme fragile écriture des formes, et la crise comme un état quasi permanent de réécriture.
Monde de tolérance et de séduction, où à la fois s’ouvre le danger d’une après-crise totalitaire et s’esquisse la voie pour échapper au cercle étouffant des dictatures. Au terme de ce parcours éblouissant, des rites magiques aux empires, du potlach au nucléaire, des sacrifices aux ordinateurs, de Bruges à Tokyo, le choix est entre la solitude et la création, le suicide et la séduction.