Pendant que roulent les tambours en Ukraine, en mer de Chine, et dans bien d’autres endroits du monde, les hommes politiques français retournent, pour la plupart, sur leurs terres, pour vanter leurs propres mérites et obtenir un mandat de maire, ou d’adjoint, plus ou moins provisoire en raison de la nouvelle loi sur le cumul, qui les amènera nécessairement à choisir bientôt, entre le parlement et la mairie.

Dans un monde de plus en plus urbain, où les métropoles ont de plus en plus d’importance, où les élus municipaux et régionaux récupèrent une partie croissante des pouvoirs que perdent les gouvernants nationaux, sans souffrir de la même précarité, l’exercice d’un mandat local devrait retenir les meilleurs des hommes politiques . Et les prochaines élections municipales, dans un mois, devraient être l’occasion de débats passionnants sur les futures façons de vivre ensemble.

Las ! En France, on est loin d’en être là ; on n’entend que des querelles de personnes et de partis . Le seul sujet local qui semble avoir réussi, pour l’instant, à attirer l’attention générale est celui des taxis. Et pourtant, le moment est pourtant venu de parler des grands enjeux de la « ville intelligente ».
Car, pour les six prochaines années, le principal défi qu’auront a affronter les nouveaux édiles est celui de la façon dont ils sauront se servir des nouvelles technologies, qui bouleverseront bientôt en profondeur la vie en ville, quelle que soit la taille de la commune.

L’internet des objets, le cloud computing, le web semantique, le big data, rendent aujourd’hui possible de bouleverser les transports urbains ( par la disparition progressive des véhicules individuels, remplacés par des transports en commun, des taxis et des VTC, tous gérés numériquement ) ; d’améliorer la circulation des touristes et des banlieusards ( par des réseaux de capteurs sans fil, contrôlant les places de parking) ; de leur permettre, dans des transports confortables, d’étudier,de se distraire, d’échanger ; de réduire les prix des logements et les gaspillages d’énergie et d’eau ( par une maitrise des consommations de chaque ménage ) ; de réduire les impôts locaux et d’améliorer la qualité des services publics ( en rendant un grand nombre de services municipaux par internet, payés par une seule smartcard numérique, en particulier pour les personnes âgées, les handicapés, et les gens à la recherche d’un emploi) ; d’améliorer la sécurité et la qualité de la vie ( par la surveillance permanente, en chaque endroit, du niveau de pollution, de la température et de l’ensoleillement) ; de rendre la ville écologiquement, et socialement durable ; et de lutter contre la solitude, (en organisant sur les réseaux sociaux les rencontres entre voisins ayant les mêmes centres d’intérêt).

Qu’on ne dise pas que c’est de la science fiction. De très nombreuses entreprises savent déjà rendre ces services. Dans de nombreux communes du monde, de toutes tailles, de tels projets sont en voie d’être installés, massivement, dans le cadre de programmes à long terme. On peut citer, aux États-Unis : Seattle, Boston, Portland, Chicago, Mountainview ; en Europe : Vigo Santander, Amsterdam, Edinbourg, Southampton, Helsinki ; et ailleurs : Masdar, Dubai ou Yokohama. En France, de fort modestes tentatives existent à Issy les Moulineaux, à Lyon, à Villeneuve d’Ascq , à Angoulême. Mais rien de sérieux n’est annoncé dans les programmes électoraux, malgré quelques discours ronflants sur le sujet. Rien en tout cas à la hauteur des fabuleux bouleversements que la vertigineuse augmentation de la vitesse de calcul des machines et de leurs capacités de stockage des données vont rendre possible dans les six prochaines années.

Les électeurs doivent donc, dans les semaines qui viennent, exiger des candidats qu’ils leur fournissent un programme détaillé sur ces sujets ; qu’ils leur disent comment ils comptent obtenir des divers opérateurs la plus grande capacité de trafic sur les réseaux ; comment et quand ils comptent mettre en place les nouveaux mobiliers urbains intelligents, nécessaire pour interagir avec les outils numériques nomades dont chacun dispose aujourd’hui. Et bien d’autres sujets.

Votez intelligent. Et, si vous ne le faites pas, ne vous en prenez qu’à vous-même.