1. Tout événement très improbable peut se réaliser dans la prochaine minute. Ainsi d’un tremblement de terre de magnitude 9.

2. Les événements les plus improbables sont des combinaisons d’événements improbables, reliés ou non par une causalité. Ainsi d’un tremblement de terre suivi d’un tsunami.

3. Les combinaisons d’événements maîtrisables peuvent ne pas l’être: Si A et B sont maîtrisables, cela ne veut pas dire nécessairement que A suivi de B le soit. Ainsi de la combinaison du tremblement de terre et du tsunami, dont l’impact simultané sur une centrale nucléaire n’avait pas été prévu: presque personne n’avait pensé qu’un tsunami pouvait interrompre les processus de refroidissement déclenchés automatiquement après un tremblement de terre. La combinaison des deux n’était donc pas maîtrisée.

4. Aucun problème ne doit être traité indépendamment de la chaîne d’événements improbables auquel il peut être associé et pouvant survenir dans des domaines différents. Ainsi, d’un tremblement de terre et d’un tsunami qui peuvent entraîner une crise financière accélératrice d’une panique, rendant encore plus difficile la maîtrise des conséquences du tremblement de terre. Pire encore s’il se revele qu’un des réacteurs était alimenté au mox et qu’une partie de la région environnante est durablement inhabitable.

5. Le propre des médias est aujourd’hui de placer en tête les événements les plus improbables et les plus créateurs de catastrophes.

6. La mondialisation crée les conditions d’une hiérarchie unique des informations sur toute la planète; ainsi ce qui se passe au Japon est en tête des titres données par tous les journaux écrits, toutes les chaînes de télévision et tous les sites internet du monde.

7. La mondialisation des informations permet à des turpitudes de se dérouler en toute impunité si elles ne sont pas en tête au hit parade des tragédies du jour; ainsi de ce qui se passe aujourd’hui en Côte d’Ivoire et en Libye, à l’ombre des événements japonais.

8. Le propre du politique doit être de préparer des réponses aux menaces représentées par des événements improbables déclencheurs de catastrophes. Ainsi de la sécurité nucléaire, qui doit être pensée comme un ensemble de réponses à toutes les chaînes d’événements improbables imaginables. Ces réponses passent par des mesures de prévention ou d’atténuation des conséquences. Ainsi des normes de constructions antisismiques ou des digues antitsunamis.

9. Le propre de la démocratie est de décider en toute transparence du degré de risque qu’une société est prête à courir, pour obtenir le bénéfice de l’innovation ou de l’audace.

10. La mondialisation des menaces et des réactions exige celle du politique. Il faut en particulier une mondialisation des normes et des processus de sécurité nucléaire. Et au-delà une mondialisation de la conception du risque.