Trois réformes majeures vont être annoncées en France cette semaine. Elles portent toutes sur la gestion de la fonction publique : il deviendra possible de licencier tout fonctionnaire qui refusera deux séries de trois propositions d’emplois différents, d’abord à proximité, puis à distance. Il deviendra possible d’intéresser collectivement des services entiers à des objectifs qu’ils auront fixés ; enfin, il deviendra possible à des cadres supérieurs de l’administration ayant exercé des fonctions de direction générale de conserver ensuite une rémunération plus élevée que ceux qui, dans le même grade, n’ont jamais accédé à des responsabilités de direction. Ces réformes, appliquées d’abord dans la fonction publique d’Etat, le seront ensuite dans les autres fonctions publiques, celle du monde hospitalier et des collectivités locales.

Elles correspondent à l’application, par une loi du 3 aout 2009 sur les parcours professionnels dans la fonction publique, de plusieurs rapports de réformes, sans que l’opposition ni les syndicats, sans doute alors en vacances, ne se manifestent ; et sans nul ne remarque que le licenciement de fonctionnaires était déjà autorisé par une loi de 1984.

De telles réformes correspondent à une véritable urgence : les collaborateurs du service public sont de plus en plus mal payés ; les hommes politiques ne font plus confiance à leurs cadres, de plus en plus souvent mis en tutelle par des autorités administratives indépendantes ou doublés par des services pléthoriques des collectivités locales.

Alors que, au même moment, de considérables besoins nouveaux apparaissent, en matière d’éducation, santé, police, justices, personne très âgées, environnement, recherche. Ils exigeront une mobilité accrue des personnels, des compétences radicalement neuves, et des technologies inédites.

Pour maintenir le sentiment, aujourd’hui très majoritaire, d’une très grande qualité et d’une remarquable efficacité de ses services, l’Etat doit suivre le mouvement de l’Histoire, créer les conditions de mobilité géographique, professionnelle, sociale et technologique de ses collaborateurs ; il doit pousser les départements des administrations à mieux définir des objectifs et à garder leurs meilleurs cadres.

Si elle ne se réforme pas ainsi au plus vite, l’administration française court à la catastrophe : elle n’aura bientôt plus les moyens financiers de ses missions et devra les transférer au secteur privé, sans que l’usager y trouve le moindre avantage.

Il est donc urgent d’accélérer la mise en œuvre des réformes amorcées cette semaine, en rendant l’administration à la fois plus juste et plus efficace. Pour y réussir , il faudra mieux associer des syndicats ( si possible compétents et représentatifs) à leur mise en œuvre, favoriser la mobilité géographique en organisant une bourse nationale des logements HLM ; favoriser la mobilité sociale en facilitant les promotions internes, et les mouvements entre fonction publique d’Etat et locales ; et enfin accélérer la mobilité technologique, en précipitant la mise en œuvre, encore embryonnaire, de grands programmes d’administration électronique.

A ce prix, l’Etat pourra continuer d’exercer sa mission principale : garantir l’unité et l’identité nationales.