Tous les ans, la tradition veut que je me risque, avec plus ou moins de bonheur, à prévoir les principaux évènements économiques et géopolitiques de l’année à venir. L’exercice est chaque fois plus nécessaire : il faut des phares de plus en plus puissants pour s’aventurer sur une route de plus en plus verglacée, entourée de ravins de plus en plus profonds.

Et pourtant, l’exercice est, chaque année, plus difficile en raison de l’interdépendance croissante d’événements de plus en plus nombreux et complexes : aucun lieu, aucun domaine, n’est plus isolé ; chacun est relié à l’autre. La souveraineté totale, l’indépendance absolue, la liberté totale, sont devenues des utopies inaccessibles.

Pour 2012 (année que j’ai déjà décrite dans une chronique de juillet 2005, sans commettre trop d’erreurs, en particulier sur la situation de la dette publique en Europe et sur les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’euro), les péripéties qui vont s’y dérouler sont si nombreuses qu’il faut en rester ici aux événements d’importance planétaire : cinq élections, cinq défis, cinq menaces, cinq espoirs principaux sont devant nous. Et chacun de nous devra cultiver cinq qualités pour les affronter.

  • Cinq élections : les scrutins présidentiels américains et français ; le changement de dirigeants en Chine et dans d’innombrables autres pays émergents, dont le Sénégal et la Birmanie seront les plus significatives.
  • Cinq enjeux : la réduction de la dette publique et la consolidation du système financier aux Etats-Unis et en Europe ; la maîtrise de la bulle immobilière en Chine ; la résorption du chômage de masse en Occident et en Afrique ; le renversement de dictatures insupportables en Syrie et dans d’autres pays ; la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre.
  • Cinq menaces : la dislocation de l’euro ; l’effondrement du dollar ; le retour de la dictature dans les pays du printemps arabe ; une utilisation terroriste de missiles sol-air volés en Libye ; une catastrophe naturelle liée aux évolutions du climat.
  • Cinq espoirs : des progrès dans l’intégration politique européenne, dont on peut espérer qu’ils nous permettent enfin de disposer des institutions dignes de nous ; des progrès techniques sur les capacités des réseaux, dont on peut attendre les premiers frémissements d’un retour à la croissance ; des découvertes sur les cellules souches, qui pourraient bouleverser très rapidement les thérapeutiques et en particulier les greffes d’organes ; une meilleure gouvernance de l’Afrique, qui pourrait y déclencher une forte croissance et en fera une locomotive de l’économie mondiale; des Jeux Olympiques à Londres, dont on peut souhaiter qu’ils constitueront des distractions honorables.

Pour gérer aux mieux cette situation mouvante, il faudra à chacun de nous, et en particulier à ceux qui dirigeront le monde, cinq qualités principales : la compétence pour comprendre ; l’empathie pour ressentir ; le courage pour oser ; la volonté pour résister au découragement ; l’altruisme pour partager.

Enfin, 2012 sera marqué encore autrement du chiffre cinq : ce sera, selon les Mayas, l’année de la fin du cinquième cycle de 26 000 ans qu’aura connu l’humanité, ouvrant peut-être à un nouveau, « l’Âge Itza », fait de Lumière et de Sagesse…