S’il est une des rares constantes en science politique, c’est que, dans toute démocratie, une majorité sortante a le plus grand mal à se faire réélire quand l’emploi diminue. Le chômage sera donc le principal ennemi de Barak Obama dans un an, comme il sera, dans quelques mois, celui de Nicolas Sarkozy.

Les faits sont terribles : plus de 17% des Américains en âge de travailler sont au chômage. Plus de 22,7 millions d’Européens, soit 10% de la population active, le sont aussi, dont 5,1 millions âgés de moins de 25 ans, soit 20% d’entre eux. Ce taux atteint même 21% en Espagne et même de 46% pour les jeunes espagnols. En France, le taux de chômage dépasse les 10% ; celui des jeunes dépasse les 23% et atteint même les 40% dans les quartiers défavorisés.

Le Président Sarkozy a raison de dire qu’on ne résoudra pas ce problème à coup de dépenses budgétaires supplémentaires ; et même si une hausse des impôts est inévitable, l’heure est au meilleur usage des dépenses publiques et non à leur augmentation. Il a aussi raison de rappeler que le chômage est structurel et qu’il faudra du temps, beaucoup de temps, pour le régler.

On peut d’avantage mettre en doute son discours selon lequel l’actuelle bonne tenue de la natalité serait un ennemi de l’emploi. D’abord, parce que la natalité d’aujourd’hui ne créera des demandeurs d’emploi que dans 20 ans au moins. Ensuite parce que la croissance de la population augmente la demande, et donc la croissance économique. Enfin, parce que la croissance de la population active (il entre chaque année sur le marché du travail 140 000 personnes de plus qu’il n’en sort en France, à la différence de l’Allemagne) permet de financer les retraites et donc de ne pas les faire peser sur la compétitivité du pays.

Il est urgent de faire de l’emploi le thème majeur de la campagne électorale. Et pour cela, de rappeler, cinq évidences :
1.    La flexibilité du travail ne garantit pas l’emploi (comme le montre l’exemple espagnol, où plus du tiers des salariés sont en CDD) ;
2.    Le chômage n’est pas une fatalité en temps de crise, comme le montre les Pays Bas (qui n’ont que 4,3% de la population active sans emploi), et, à un moindre degré, l’Allemagne ;
3.    La réduction de la durée du travail est bonne pour l’emploi : les Pays-Bas ont la plus faible durée du travail annualisée d’Europe, et l’Allemagne a développé le temps partiel au lieu de licencier ;
4.    La préparation à la reconversion des chômeurs de longue durée, pratiquée massivement aux Pays-Bas, est essentielle pour lutter contre l’éloignement du marché du travail. Or, la France comme l’Espagne, les Etats-Unis et bien d’autres pays, a mis l’accent sur la flexibilité, et pas du tout sur la sécurité. Et il ne faudrait surtout pas, sous prétexte d’économies budgétaires, renoncer à l’urgence de la formation des chômeurs et de l’aide à leur réinsertion, qui peut se faire à budget constant. Sinon, on passera en Europe, et en particulier en France, à une situation où, comme aux Etats-Unis, des millions de gens seront définitivement inemployables : le taux de chômage doublera ;
5.    En particulier, toutes les expériences montrent qu’aider les gens sans emplois à créer des entreprises, ce qu’une proportion notable d’entre eux peut faire, coute moins cher que les allocations chômage.

Le chômage n’est pas une fatalité. Encore faut-il faire de chaque homme, de chaque femme, la vraie priorité de la politique.